Patrick Bruel, champion du monde de poker. C’est sur cette légitimité qu’il a assuré le commentaire sur Canal +, la création du DVD Poker Coach et devenir une des vitrines du poker français. Mais Maurice Benguigui peut-il se le targuer ?
Mettons tout de suite fin au suspens. Non, Patrick Bruel n’a pas été champion du monde de poker. Désolé d’avoir mis fin à une réduction marketing suppléée par la fierté nationale. Toutefois, rendons à Patrick ce qui appartient à Patrick : il a bien remporté un titre WSOP, le Limit Hold’em 5 000 $ en 1998, décidément année sportive française.
Fait de la culture mégalomane américaine, les World Series of Poker se sont autoproclamés « championnats du monde ». Exactement comme le titre que l’on donne au vainqueur des World Series of Baseball ou la NBA, qui ne sont ni plus ni moins respectivement les championnats de baseball et de basketball américain. Mais ce que Patrick Bruel a remporté, c’est une sorte d’étape des championnats du monde.
Ainsi, les WSOP couronnent chaque année une cinquantaine de joueurs pour correspondre à tous les jeux et à toutes les limites. Mais un seul tournoi confère la légitimité du titre de champion du monde de poker des pokers : c’est le vainqueur du Main Event, le tournoi le mieux doté et le plus prestigieux.
Pour être circonspect, on peut donc dire que Patrick Bruel a été en 1998, champion du monde du Limit Hold’em avec 5 000 $ de cave et non pas champion du monde de poker.
Le bracelet conquis s’avère donc indiscutable. Mais à titre de comparaison, le tournoi remporté par Bruel comportait 111 joueurs, contre jusqu’à 8 733 joueurs (2006) pour le Main Event.
Alors d’où provient le raccourci ? Premièrement de la presse. En 1998, le poker est encore marginal. Dans la hiérarchie des informations, expliquer en détail que ce n’est pas l’événement principal mais que ce n’est qu’un tournoi parallèle … rien que la lecture de la phrase explicative provoque un mal de crâne.
Et puis l’information « Bruel, chanteur français, champion du monde aux Etats-Unis » est suffisamment vendeuse pour ne pas en dévoiler les subtilités. Secondement, Patrick Bruel avait tenu un pari prophétique : « Lorsque je serais champion du monde, j’arrêterais le poker. ». Pari non respecté après sa victoire bien entendu.
Cet article ne se veut pas un réquisitoire contre Patrick Bruel qui a participé à lui seul à l’essor du poker, à sa popularisation en France et donc un peu aussi, à la légitimité de la création de notre site. Patrick « Showman » Bruel c’est un bracelet, huit places payées dans le WSOP, 3 dans le WPT et l’EPT réunis pour un total de plus de 900.000 $ de gains. Parmi ces résultats qui forcent le respect, on peut noter une seconde place en 2002 dans le WSOP 5.000 $ Pot Limit Omaha et une huitième place en 2007 dans l’EPT de Barcelone, avec un move éliminatoire discuté par les spécialistes.
Enfin, un bracelet WSOP, même à Elky ça ne lui a pas souri. En effet, seulement trois autres joueurs français ont pu nous permettre de gausser une belle fierté patriotique : Gilbert Gross en 1988, Claude Cohen en 1997 et David Benyamine en 2008.
Alors ? Merci qui ? Merci Patriiiiiiiiick